Le scandale des LED intégrées

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Lire aussi notre article « le consommateur pris en otage », qui est la mise à jour de celui-ci (juin 2019)

L’utilisation des diodes électroluminescentes (LED) dans le domaine de l’éclairage tend à se généraliser, où elles remplacent progressivement les lampes à incandescence, à halogène ou fluocompactes (« néons à basse consommation»). Elles ouvrent également de nouveaux champs d’application, par exemple dans l’éclairage des écrans. Si ses avantages sont incontestables, la LED pose un certain nombre de problèmes écologiques peu médiatisés.

Les LED sont sans conteste des alliées précieuses dans nos efforts de réduction de notre consommation électrique. Ainsi, à rendement lumineux identique, une LED consommera environ dix fois moins d’énergie qu’une ampoule à incandescence. Le prix plus élevé est à mettre en rapport avec la durée de vie bien supérieure, bien que celle-ci soit régulièrement revue à la baisse. Des 100.000 heures annoncées au départ nous sommes plus proches des 10.000 dans des conditions d’utilisation ordinaires. Ajoutons que les LED perdent de l’efficacité lumineuse au fil des années, phénomène encore accéléré en milieu chaud.

Les « râleurs » pointent de plus deux problèmes pas si anodins :

  • les LED sont encore difficilement recyclables (mais les industriels travaillent le sujet ) et nécessitent terres et métaux rares ou stratégiques pour leur fabrication (or, gallium, indium)
  • l’éclairage public nocturne pose un problème car le spectre des LED attire d’avantage d’insectes et pourrait perturber des espèces comme les chauves-souris.

Mais il existe un autre aspect dans l’utilisation des LED, dont on parle encore peu, et qui s’apparente à un vrai scandale.

Nos petites diodes se présentent sous forme de petits plots qui peuvent s’intégrer dans beaucoup de supports : boîtiers, capsules, rubans, guirlandes et aussi les ampoules aux culots classiques de nos luminaires. Et c’est là que la chose se corse. On trouve maintenant sur le marché de plus en plus de luminaires d’apparence classique qui fonctionnent aux LED mais dont on ne peut plus changer l’ampoule. Les LED y sont « intégrées ». Cela n’est jamais clairement affiché, on pense acheter un spot ‘normal’ pour sa salle de bain et on se retrouve avec un objet qu’on sera obligé de jeter lorsque la LED aura grillé. Tous les vendeurs vous répondront « oui, mais 25.000 heures, ça fait beaucoup ». Soit, mais la lampe de chevet héritée de ma grand-mère doit être à 100.000 heures de vie.

Ajoutons que les luminaires ont souvent un autre talon d’Achille qui consiste en leurs composants électriques avant la diode, appelées ‘pilotes’ ou ‘drivers’. De ce fait un luminaire équipé de LED intégrées rend souvent l’âme avant l’usure de la diode même.

Au moment ou nous sommes en train de lutter contre l’obsolescence programmée des objets et qu’on promeut et encourage l’économie circulaire, il semble aberrant de créer des luminaires à durée de vie déterminée et non réparables. Je ne parle pas uniquement du prix de l’objet, qui peut varier de 35 € à 200 €, mais de tous les matériaux qui le composent et de l’énergie nécessaire à sa fabrication, à son recyclage, etc…

Et que dire du monde automobile ou le phénomène se répand à grande vitesse? A titre d’exemple, au hasard : vous ne changerez plus les ampoules du phare avant de votre Peugeot 308; non, en cas de défaillance, il vous faudra changer le bloc entier. Coût : 1040 € ! Sans extension de garantie, ce sera à votre charge.
Quelles solutions?

Réclamer une interdiction de ces produits semble utopique. Par contre, un boycott du consommateur pourrait avoir un certain effet. Pour cela, il faudrait encourager le législateur à imposer un étiquetage d’avertissement lisible et visible. « Attention : pour ce luminaire il n’existe pas d’ampoule de rechange».

Si on doit continuer à vivre avec ces objets, on pourrait mener une réflexion autour de l’obligation de réparation sur une période de garantie plus longue qu’actuellement. Une obligation de garantie de longue durée, voire « à vie » inciterait peut-être certains fabricants à intégrer les LED dans des ampoules remplaçables par le consommateur.

Il faut à tout prix freiner ce nouveau boom, avant qu’il ne soit trop tard. En l’attente d’une évolution législative ultérieure, nous appelons donc les consommateurs à rester vigilants lors de leurs achats et à préférer systématiquement un luminaire qui reçoit une ampoule LED à un luminaire aux LED intégrées.


Achim Gertz, pour Objectif Transition

27 juin 2019, suite de la vigilance à propos des LED’s intégrées

LED’s intégrées: le consommateur pris en otage

Pour aller plus loin:

L’organisme français Recylum, en charge de la collecte et de la valorisation des ampoules travaille sur la problématique des techniques de recyclage des ampoules LED. De l’aveu même de son directeur général , les LED intégrées posent des problèmes de recyclage à cause de leurs composants électroniques montés en amont des diodes.
http://www.natura-sciences.com/environnement/recyclage-ampoules-led806.html

Recyclage des ampoules et luminaires aux LED, un vrai défi : https://www.recylum.com/recyclage-lampes-luminaires-leds/

Le pilote ou driver des LED doit être de qualité et avoir une durée de vie au moins équivalente aux LED sans lui nuire par l’émission de chaleur (qui réduit la durée de vie de la LED)
https://www.energieplus-lesite.be/index.php?id=17673

Réparer son luminaire LED ?
https://www.commentreparer.com/18421/Lampe-eclairage/Lampe-a-diode-electroluminescente-LED-grillee-ou-clignotante

Les distributeurs de luminaires eux-même attirent l’attention sur l’impossibilité de réparer les LED intégrées
https://kosilum.com/blog/ampoule-led-ou-ampoule-led-integree/