Labels Tourisme : à prendre avec des pincettes

Il existe des  labels à profusion dans tous les domaines : des officiels et des fantaisistes, des connus et des moins connus, dans l’alimentation, le bâtiment, l’environnement ou encore le tourisme. Ils  se veulent  garants de qualité, de certification et ont le but d’aider le consommateur dans ses choix.

Certains labels ont des  critères d’établissement techniques ou scientifiques (ISO, NF,…) et sont attribués de manière très officielle et légale. D’autres ont des critères plus subjectifs et sont généralement attribués par des associations ou ONG, aidés par des ‘jurys’ ou ‘spécialistes’ plus ou moins autoproclamés. Parmi ceux-là, à coup de marketing et/ou de lobbying, certains arrivent à s’imposer et deviennent des ‘références’, d’autres disparaissent ou s’étiolent …

En cette période estivale, Objectif Transition a décidé de se pencher sur quelques «labels» qui touchent le domaine du tourisme et d’éclairer votre lanterne de vacancier averti. Notre but n’est pas de dénigrer tel ou tel label, mais de vous aider à rester vigilant et à cultiver votre esprit critique.

 

La première chose à savoir, et ignorée par la majorité des ‘consommacteurs’, est que la grande majorité des labels sont payants pour celui qui veut les obtenir et les arborer.

Cela pose en soi déjà un petit problème de légitimité et d’éthique. Les associations qui les délivrent avancent les frais de fonctionnement et de dossier. Dont acte. Mais celui qui ne paye pas n’aura jamais un label…

Les sommes demandées varient souvent en fonction de la taille de la commune ou du commerce. Cela va de quelques centaines à des milliers d’euros annuels. Pour la plupart des demandeurs, cet ‘investissement’ reste néanmoins ‘rentable’ car les recettes  touristiques complémentaires couvrent largement les frais occasionnés.

Les «Pavillon Bleu», «Plus beaux villages de France» ou « Petit futé» ont donc en commun le principe de faire payer leur ‘logo’ d’une façon ou d’une autre.

Chez le «Petit futé» c’est relativement simple : des visiteurs payés par la direction passent dans votre commerce et estiment qu’il a un intérêt à figurer dans leur guide. Le commerçant, artisan ou restaurateur, s’estime heureux et honoré, mais voilà… il doit débourser 99 euros pour acquérir la jolie plaque avec le logo au renard futé. A lui de voir, c’est finalement une simple opération de publicité payante pour un logo commercial.

Chez les «Plus beaux villages de France» c’est beaucoup plus lourd et sérieux, et les sommes en jeu sont souvent colossales. Il faut candidater et remplir un grand nombre de critères. La candidature d’un petit village tient généralement d’une démarche de développement économique et d’une stratégie de marketing. Qui a un coût: outre les frais de participation annuels de 600 à 6000 euros (suivant la taille de la commune), la commune doit investir dans des bureaux d’études, des paysagistes, et dans l’entretien de son patrimoine… On assiste d’ailleurs a un début de fronde: certaines communes réfléchissent à quitter ces labels parce qu’elles n’en peuvent plus d’être «dans du formol». Car chez les «Plus beaux villages de France», on n’accepte pas qu’un lotissement ou une petite zone d’activité à l’entrée de celui-ci gâche le paysage…

Cette même contrainte de critères trop stricts pousse également certaines communes littorales à ne plus demander le fameux «Pavillon bleu». Cette association a pu acquérir une certaine notoriété, y compris internationale,  étant maintenant soutenue par le ministère de l’environnement, la LPO, … Elle labellise des ports de plaisance et des stations balnéaires sur un grand nombre de critères, y compris environnementaux, d’accessibilité, etc…

Pour le grand public le drapeau du «Pavillon bleu» est -à tort- surtout un gage d’eau de baignade impeccable, alors que cela n’est qu’un critère parmi d’autres; et pas des plus fiables, car il intègre les résultats des analyses des années précédentes, mais pas celles de l’année en cours. Des associations comme Surfrider qui au début des années 2000 décernait un ‘pavillon noir’ aux plages trop polluées reprochent également que les analyses sont uniquement bactériologiques et ignorent la pollution physico-chimique éventuelle. Ainsi une plage à deux brassées des rejets de «boues rouges» à Cassis, riches en métaux lourds,  peut arborer le pavillon bleu.
Pour information: toujours sans ces paramètres, mais  régulièrement mis à jour, vous avez un nouveau site ministériel concernant la qualité des eaux de baignades. Et il est important à souligner que le principal polluant de la mer en été est la crème solaire, jamais recherchée dans les analyses.

Pavillon Bleu

Vous le voyez, rien n’est  simple. Un logo ou label peuvent être un bon indicateur, car ils répondent à un certain nombre de critères. Un « Plus beau Village de France » sera toujours au moins un village avec un certain charme. Mais ils ne sont qu’une information comme une autre, à prendre avec des pincettes et sans garantie, à recouper avec d’autres informations ou sites participatifs. Même un des formidables cafés labellisés «Bistrot de Pays» peut avoir un patron ronchon.

Vacanciers en France, en cherchant bien, vous trouverez des belles plages sans pavillon et de beaux villages sans logo, et plus tranquilles.
Aussi, Objectif Transition  vous invite à sortir des sentiers battus et vous souhaite un bel été dans cet esprit libre et curieux.

 

Sources et liens pour aller plus loin :

http://www.lagazettedescommunes.com/477086/les-labels-touristiques-des-atouts-et-des-couts/

http://www.europe1.fr/societe/label-pavillon-bleu-faut-il-eviter-les-autres-plages-3335771

http://www.leravi.org/spip.php?article2995

http://baignades.sante.gouv.fr/baignades/editorial/fr/accueil.html

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/les-cremes-solaires-un-fleau-pour-les-oceans_1930265.html