Nicolas Hulot : Ne cédez pas aux sirènes de TOTAL !

Lettre ouverte à Nicolas Hulot

Ne cédez pas aux sirènes de TOTAL !

 

Le site TOTAL de la Mède dans les Bouches du Rhône est en cours de reconversion « verte » et il ne manque qu’un feu vert préfectoral, c’est à dire le votre, pour lancer la partie « bio-raffinerie ».
Or, TOTAL est champion toutes catégories du greenwashing et il semble que vous êtes sur le point de céder aux chantages divers pour donner l’autorisation de démarrage de cette unité de fabrication de « biocarburant », ceci en totale contradiction avec vos convictions affichées.

Le site de TOTAL La Mède était en déficit chronique et a entrepris un chantier de reconversion vers des technologies et produits du futur, comprenant une ferme solaire, une unité de fabrication d’additifs, une école de formation et une unité de fabrication de biodiesel. C’est cette dernière qui pose un problème sérieux, car outre les huiles usagées elle utilisera une quantité énorme d’huile de palme, de l’ordre de 300.000 tonnes annuellement. (bien plus selon certaines sources récentes )
Devant le tollé général, Total sort la carte du ‘durable’ et jure n’utiliser que de l’huile de palme ‘certifiée durable’, or selon beaucoup de spécialistes il s’agit là d’un écran de fumée qui masque une réalité cruelle : l’huile de palme durable n’empêche pas la déforestation .

En janvier 2018 le parlement européen vote à la quasi unanimité une résolution demandant à éliminer progressivement d’ici 2021 l’utilisation de l’huile de palme dans les carburants en Europe.
Il faut savoir qu’au moins 50% de l’huile de palme importé en Europe finit dans nos moteurs – et cette proportion est en constante augmentation. Ce vote est un signal fort, mais risque de ne pas s’appliquer de sitôt, devant encore passer en commission et être avalisé par l’ensemble des 28. Or, la France a déjà fait savoir qu’elle n’appliquerait pas ce texte en l’état. D’autant que les pays producteurs (Malaisie, Indonésie …) sont vent debout et menacent déjà de représailles commerciales.

Monsieur Hulot, dans votre propre « plan climat » que vous avez présenté en juillet 2017 , vous écrivez ceci :

« Pour aller plus loin et parvenir à mettre fin à la déforestation importée en France, nous publierons d’ici mars 2018 une stratégie nationale pour mettre fin à l’importation de produits forestiers ou agricoles importés contribuant à la déforestation – y compris le changement d’affectations des sols indirect – contenant des propositions de nature réglementaires, fiscales, des engagements volontaires, des bonnes pratiques et des modifications de la commande publique »

Votre revirement sur ce sujet est donc flagrant et ne peut s’expliquer que par des chantages habituels des industriels et producteurs (chantage à l’emploi, chantage aux rétorsions commerciales de la part de la Malaisie ) auxquels vous allez céder au nom du réalisme politique.

Le collectif « Objectif Transition » vous demande solennellement d’accorder vos actes à vos paroles et de ne pas autoriser la mise en route de l’unité de fabrication de « bio-diesel » de la Mède.
Il faut obtenir que TOTAL réduise la capacité de production de cette usine au seul niveau des huiles usagées et déchets agricoles disponibles, quitte à développer un réseau de collecte national et international plus ambitieux.

Au delà du cas de la Mède il faut engager d’urgence une réflexion sur l’utilisation des produits agricoles (autres que déchets) pour la fabrication de carburant. Sans surprise ce sont les producteurs d’huile de colza et tournesol qui ont applaudi le vote du parlement européen à l’encontre de l’huile de palme. Si la déforestation pour la production d’essence est une aberration et un fléau , l’utilisation des terres agricoles l’est tout autant.

Objectif Transition

Crédit photo : Capture écran Google Street View