le projet centrale à « biomasse » à Gardanne – un incinérateur caché ?

Critiquer un projet de centrale à biomasse est un piège pour un écologiste puisque nous sommes déjà taxés d’être « contre tout » et sans arrêt dans le « négatif « !  Alors si en plus c’est pour critiquer un projet qui se veut « vert » !

Cette constatation est par ailleurs habilement exploité par les promoteurs du projet.

De quoi s’agit t il dans le cas présent ?

Les articles  de la Provence ci-dessous, qui datent   de fevrièr  2011 et Mars 2012    vous en donnent une idée :

Publié le mardi 06 mars 2012 à 21H53

Eric Besson, ministre chargé de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique, a annoncé le lancement des 15 projets nationaux de production d’énergie à partir de biomasse. Parmi eux, deux sont situés en région Provence-Alpes-Côté d’Azur, totalisant 40 % de la puissance nationale de 420 MW. La centrale Biomasse de Provence à Meyreuilde la société E.ON Provence Biomasse produira 130 MW. Ce projet vise à adapter la tranche 4 de la centrale thermique de Gardanne pour qu’elle fonctionne à partir de biomasse en remplacement du charbon. Elle aura besoin de près de 900 000 tonnes de bois et déchets verts.

Le deuxième pojet, Inova Var Biomasse de la société AE&E Inova France se situe à Brignoles (Var) pour 22 MW. 175 000 tonnes de biomasse y seront consommées permettant à la centrale d’alimenter l’équivalent de 57 000 foyers de 4 personnes. Selon la préfecture, une attention particulière a été portée à la qualité de l’approvisionnement et au respect des normes sur la pollution atmosphérique. Actuellement, la filière bois-énergie régionale utilise 36 900 tonnes de biomasse pour une production de 58 MW.

La Provence

Publié le dimanche 06 février 2011 à 16H02

D’ici trois ans ou quatre ans, la biomasse va remplacer le charbon

Construite par Charbonnages de France pour produire de l’électricité à partir de son propre charbon, la centrale thermique de Gardanne-Meyreuil devrait connaître d’ici trois ans une mutation sans précédent. Si le projet de l’électricien allemand E.ON, propriétaire des installations depuis juin 2008, obtient le feu vert du ministère, la tranche 4 de la centrale délaissera en effet le charbon au profit de la biomasse à l’horizon 2014/2015.

Entendez par là qu’elle ne brûlera plus que du bois, des résidus de coupes, des broussailles et des sous-produits végétaux combustibles pour produire de l’électricité. Selon Marcel Simile, directeur de la centrale de Gardanne-Meyreuil, « ce projet s’inscrit dans la volonté du groupe E.0N de fournir une énergie plus propre et plus performante », rappelant que « l’un de ses principaux objectifs consiste à développer la part des énergies renouvelables dans ses capacités de production, pour réduire de 20% ses émissions de CO² d’ici 2020 ».

La filière bois relancée ?
À elles seules, les deux tranches de la centrale relâchent, il est vrai, 3 millions de tonnes de gaz carbonique (CO²) par an, soit près du quart des émissions totales de CO² des Bouches-du-Rhône. Le passage de la tranche 4 du charbon à la biomasse devrait ainsi permettre une économie de 500000 tonnes de CO² par an, selon les estimations d’E.ON. « L’idée sous-jacente,poursuit Marcel Simile, c’est de transformer cette tranche en centrale de cogénération, pour produire non seulement de l’électricité, mais aussi de la vapeur d’eau que nous utiliserons pour les opérations de démarrage de la tranche 5, pour le réchauffage du fioul sur notre site de Gardanne-Meyreuil et, le cas échéant, pour le chauffage urbain de la ville. »

Cette conversion entraînera une baisse sensible des capacités de production de la centrale, la tranche 4 passant de 250 à seulement 150 MW. Une bonne nouvelle pour la filière bois de la région, qui dispose de débouchés historiquement très limités. « À l’heure actuelle, notre principal et pratiquement unique client, c’est l’usine de cellulose de Tarascon », admet Louis-Michel Duhen, du Centre régional de la propriété forestière (CRPF), un syndicat professionnel qui regroupe les propriétaires forestiers privés de la région.

Selon lui, l’ouverture d’une centrale thermique utilisant biomasse comme combustible peut représenter « un débouché supplémentaire intéressant, notamment pour les produits de qualité inférieure, qui n’intéressent pas l’usine de Tarascon ». Dans le cadre de son projet, E.ON a bien entendu étudié la question de la ressource, en lien avec l’Office national des Forêts (ONF). Un« plan d’approvisionnement » a d’ailleurs été remis au préfet de Région à la mi-janvier. « Il prévoit de recourir en priorité à la biomasse forestière de Provence-Alpes-Côte d’Azur et des régions voisines, dans la limite des ressources disponibles et une fois les usages traditionnels satisfaits »,précise Marcel Simile.

En cas de besoin, l’opérateur de la centrale complètera ces ressources par des granulés de bois importés. Reste maintenant à boucler la procédure de validation du projet, qui s’inscrit dans l’appel d’offres lancé en juillet dernier par le ministère de l’Industrie pour des installations de production d’électricité à partir de la biomasse. Après avis du préfet de Région, le dossier sera transmis à la Commission de régulation de l’énergie (CRE), puis au ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Eric Besson, qui le validera ou non. S’il dit oui, Gardanne-Meyreuil deviendra la plus grosse centrale thermique de France à produire de l’électricité à partir d’un combustible renouvelable. Un symbole, dans une ville dont le coeur a battu pour le charbon pendant plus de deux siècles.

Hervé VAUDOIT

Vu comme cela, cela  semble parfait, un vrai progrès « vert ». Mais à y regarder de plus près, ce projet cache quelque-chose (je vous disais que les écolos sont de mauvaise fois !)

Je vous invite  à feuilleter cette présentation diaporama interne de la société EON, dénichée par d’autres « lanceurs d’alerte »  :

http://www.abc-paca.fr/uploads/PPT%20Biomasse%20E.ON.pdf

Pour faire court: nous savons par des indiscrétions que la future « centrale » aura de gros problèmes d’aprovisionnement et que les projections vers 2024 sont un peu angéliques.

La future filière bois souhaité par EON ne pourra jamais fournir suffisamment de ‘matière » pour nourir la « bete ». Déjà que le rayon est élargi à 400 km pour le « bois local », drôle de définition pour du « local ». L’usine  cellulose de Tarascon ainsi que la plus petite centrale de Brignolles absorbent déjà largement ce qui pourrait pousser en Provence. EON prévoit de brûler dans la première période transitoire d’abord des granulés qui viennent de très loin (on parle du Canada, bonjour le bilan CO2), ensuite des déchets bois de classe A et enfin des dechets bois de classe B. 

Revoyez le diaporama à partir de la page 16 http://www.abc-paca.fr/uploads/PPT%20Biomasse%20E.ON.pdf

Nous y sommes ! Ces déchets de classe B sont présentés  comme non toxiques, « faiblement adjuventés »,  or ce n’est pas vraiment le cas.  Personne ne brûle en général ces déchets en centrale de « biomasse »,(interdits en chaufférie bois, autorisés sous conditions en incinération) ils finissent généralement en panneaux de particules. Il s’agit de vos meubles d’IKEA mis en déchetterie, du mélaminé, du formica, des bois traités, bourrés de colles, peintures, vernis  et autres produits chimiques. A Gardanne on brûlera également d’autres produits, comme, je cite EON « produits cendreux de récupération » (?) . Les personnes qui alertent sur cette centrale de « biomasse » sont également sur la piste d’autres produits envisagés, type emballages ménagers ou boues de stations d’épuration,  de façon à ce qu’on puisse affirmer sans trop de risque de se tromper qu’il ne s’agit pas à Gardanne d’un projet de centrale à biomasse, mais d’un véritableprojet caché « d’incinérateur ».

 

Concernant les déchets classe B, quelques liens :

ils peuvent etre incinérés sous conditions, mais contiennent chlore, souffre, métaux lourds ….

http://www.biomasse-normandie.org/bois-fin-vie-bois-traites-souilles-ou-adjuvantes_352_fr.html

http://www.cd2e.com/sites/default/files/veille/mercredi_info_cd2e/MercInfoMars12_CADETint_recyclageBoisB.pdf

 Je vous tiendrai au courant dans ce blog de l’évolution de l’opposition à cette centrale, un collectif d’association est d’ailleurs en cours de création.

Crédit photo Une: Ushuaïa