Appel de la Dune – Non au démarrage de l’exploitation des sables métallifères de Casamance !

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C’est en 2015  que « Objectif Transition » avait alerté l’opinion française sur les dangers des projets d’exploitation du zircon sur l’écosystème très riche de la bande côtière  de la Casamance.

Les choses ont malheureusement évolué dans la mauvaise direction :  le gouvernement sénégalais vient d’accorder le permis d’exploitation à la compagnie Astron, ce qui signifie qu’il a décidé de passer en force, en dépit des oppositions ou des mises en garde à l’égard des risques.  La compagnie australienne basée en Chine  ayant fait de son coté un travail de propagande sur la population locale, à force de subventions d’équipes de football etc , les travaux pourraient commencer dès cet automne.

Ainsi « Objectif Transition » se fait le devoir de soutenir l’initiative d’une trentaine de chercheurs et de quelques ONG qui lancent aujourd’hui un ultime appel pour que le gouvernement sénégalais stoppe le massacre annoncé.

Veuillez trouver ci-dessous le texte de « l’appel de la dune »  qui est repris sous forme de  pétition dont le lien est :   https://www.petitions24.net/appel_de_la_dune

Merci d’avance pour votre mobilisation.

APPEL DE LA DUNE

Si rien n’est fait pour les stopper, les pelleteuses pourraient commencer à éventrer la dune de Niafrang (Casamance) dès octobre prochain, en quête de minéraux lourds, comme le zircon.

carte permis zirconPour l’Etat sénégalais, et surtout pour Astron, multinationale australienne basée en Chine (Hong-Kong), les bénéfices attendus se chiffrent en millions de FCFA. Pour les défenseurs de l’environnement, de la biodiversité, et du développement durable, l’enjeu est ailleurs : après la destruction de la forêt et des ressources halieutiques, la destruction des ressources naturelles de la Casamance se poursuit, pour répondre à une demande extérieure, chinoise pour l’essentiel, au détriment des populations.

Ce qui est en jeu à Niafrang, c’est la sauvegarde d’un écosytème riche et complexe, mais fragile, associant océan, mangrove et dune, qu’une aire marine protégée (AMP) devrait en principe sanctuariser. Sauf que, comme par miracle, l’AMP d’Abéné s’arrête officiellement là où commence la zone concédée à l’exploitant minier, laissant la porte ouverte aux atteintes à l’environnement… Notamment à la mangrove, l’un des écosystèmes les plus riches au monde, dont le littoral casamançais constitue la principale localisation au Sénégal. En absorbant du gaz carbonique, cette mangrove contribue à la lutte contre le réchauffement climatique. En freinant les vagues, elle ralentit l’érosion du littoral. Elle est un refuge unique de biodiversité, abritant de multiples espèces animales (poissons, coquillages, tortues de mer, singes, oiseaux…). Et elle fournit d’innombrables ressources (notamment alimentaires) aux populations de la zone.

Or, ce littoral est fragile : comme ailleurs au Sénégal, il est menacé de submersion par la montée du niveau de l’océan, aggravée par des phénomènes météorologiques de plus en plus violents et de plus en plus fréquents (que ne prend pas en compte l’étude d’impact officielle). Comme il est menacé par la salinisation des eaux et des sols qui en résulte.

C’est cette menace que l’exploitation minière ne ferait qu’aggraver, en accentuant les risques existants (résultant du réchauffement climatique), et en en créant de nouveaux :

  • par une déstabilisation de la dune (malgré les précautions prises), qui mettrait en péril toute la zone qu’elle protège : des milliers d’hectares de cultures, une quarantaine de villages, des milliers d’habitants ;
  • par une salinisation accrue des eaux et des sols résultant des pompages de la nappe phréatique, qui mettrait en péril cultures et populations.
  • par d’inévitables rejets polluants.

L’enjeu financier est tel que la société minière a utilisé, avec plus ou moins de succès, tous les moyens pour tenter d’emporter l’adhésion de populations souvent démunies et oubliées par les politiques publiques. Et il est tel que l’Etat sénégalais est jusqu’à présent resté sourd aux fortes oppositions qui se sont exprimées localement, et aux mises en garde de chercheurs et de spécialistes du monde entier. Il se fonde pour cela sur une étude d’impact environnemental et social très contestable par ses graves insuffisances, tant dans la forme (expert juge et partie) que dans le fond (insuffisances méthodologiques et scientifiques). Et il exclut de fait toute étude indépendante, comme s’il en craignait les résultats.

Ce que nous refusons, ce n’est pas le développement, mais des logiques privilégiant la recherche du profit à court terme au détriment d’un développement durable car préservant les ressources pour les générations futures. Face à l’urgence climatique, l’heure n’est pas à une fragilisation accrue du milieu mais à la prévention et à l’adaptation : dans ce domaine, des alternatives endogènes existent, dont certaines sont en cours de réalisation, à commencer par le reboisement de la mangrove et de la dune.

Nous n’opposons nullement l’intérêt de quelques milliers de villageois à celui de 15 millions de Sénégalais : nous ne sommes pas contre tout projet minier, mais, sur la base d’informations scientifiques, nous sommes contre le démarrage de ce projet précis dans cet environnement précis, en raison des risques qu’il ferait courir à cet environnement et aux populations qui y vivent. C’est une question de choix de société : ce choix nous concerne tous !

C’est pourquoi :

  • nous appelons l’Etat à respecter ses engagements (transparence dans les dossiers miniers, concertation, développement durable), tant envers ses citoyens qu’envers les institutions internationales (Nepad, COP21…), et donc à suspendre le démarrage des travaux dans l’attente d’une étude d’impact indépendante :
  • nous appelons la société civile et les représentants des populations, ou ceux qui aspirent à le devenir, à signer cet appel et à tout faire pour s’opposer pacifiquement au démarrage des travaux et pour qu’un véritable débat s’engage, sur la base d’une information objective.

NON AU DEMARRAGE DE L’EXPLOITATION DES SABLES METALLIFERES DE CASAMANCE !

Le 15 juillet 2017

Premiers signataires :

. Le collectif des 34 chercheurs et spécialistes signataires de la lettre ouverte au président de la République de septembre 2015 (voir page Facebook), à l’origine de cet appel. D’autres chercheurs l’ont rejoint :

. Pape Chérif Bertrand Bassène Akandijack (historien, université de Ziguinchor)

. Luc Descroix (hydrologue, Dakar)

. Ashley Fent (géographe, université de Californie, Los Angeles)

. Céline Labrune-Badiane (historienne, Paris)

. Philippe Meguelle (historien, université de Ziguinchor)

. Albinou Ndecky, (sociolinguiste, université de St Louis, Sénégal)

. Mamadou Niokane (environnementaliste, Ziguinchor)

. Bill Benoît Tendeng (environnementaliste, université de Chicoutimi, Canada)

Les ONG :

. Advocates for Community Alternatives (Ghana)

. Objectif Transition (France)

. Casamance Horizons (Niafrang)

. SOS Casamance (Paris)

. IDEE Casamance (Ziguinchor)

. IEFR (France)

Les associations :

. Y’en a marre (Dakar)

. Comité de lutte international contre le zircon en Casamance (Niafrang)

. Association des étudiants pour le développement de la Casamance (Dakar)

. Association des fils de la Casamance pour la paix et le développement (Paris)

Les personnalités :

. Abdou Sané, ancien député, conseiller départemental de Ziguinchor, président de l’Association africaine pour la promotion de la réduction des risques de catastrophe

Signer la pétition en ligne : https://www.petitions24.net/appel_de_la_dune

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