Quand le WWF et Pascal Canfin se trompent complètement…et nous embrouillent !

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Crédit photo: Crustmania

C’est quand même impressionnant de constater qu’avec un Panda comme logo, un nom particulièrement ancré dans les mentalités (à savoir le WWF), et bien, on peut amener tous les médias à écrire des choses fausses et inonder les réseaux sociaux de solutions erronées.

Depuis hier, on voit le classement publié par le WWF des 25 entreprises françaises les plus impactantes en matière d’environnement, sur la biodiversité…. Pourquoi pas et je ne conteste pas le fait que ces entreprises aient un réel impact…..Non, ce qui est choquant, et là où Pascal Canfin et le WWF se trompent totalement, c’est qu’ils nous font croire que la solution, pour que ces entreprises soient moins dévoreuses d’environnement, réside dans la certification.

Et là, je ne comprends même pas qu’un ancien Ministre ose tenir de tels propos …ou alors c’est peut être juste pour défendre son business actuel à la tête du WWF ??
Si la certification était la solution à tous nos problèmes, cela se saurait, non ?

Prenons 3 exemples. Pour le WWF, il faudrait que les entreprises du classement n’achètent que de l’huile de palme certifiée et … la vie serait vraiment plus belle pour la planète ? Désolé mais là, c’est clairement mensonger !

Premièrement, la certification pour l’huile de palme (RSPO) est tellement peu exigeante (elle ne protège en rien les tourbières ni les zones à forte valeur de carbone), que cet organisme de certification s’est cru enfin obligé de lancer très récemment une certification « + »… la « RSPO Next » !
Deuxièmement, qui sont les plus gros consommateurs d’huile de palme dans le monde ? La Chine, l’Inde, l’Indonésie puis vient l’Europe. Qui peut croire un seul instant que si les entreprises françaises (voire européennes) consommaient toutes de l’huile de palme certifiée (mais on parle ici d’une VRAIE certification, pas d’un truc « light » comme c’est le cas actuellement), cela changerait les achats des Chinois ? Indonésiens ? Indiens ? ….

Certainement pas mais nous, ici, nous serions satisfaits ! On aurait enclenché la « machine à fric » avec des « certifications », des « organismes certificateurs », des « organismes de contrôles »…. Au final, en tant que consommateur, nous sommes doublement victimes : on paye les produits plus chers (et oui, tout cela coûte très cher et est impacté sur le prix final) et on n’arrête pas la déforestation…un comble, non ?

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Crédit photo: Pixabay

Deuxième exemple avec le Soja. Qui peut croire que c’est du Soja certifié (encouragé là encore par le WWF) qui va arrêter la déforestation en Amazonie ? Ici aussi, on cherche à créer des « machines à fric » alors que les plus gros consommateurs de soja dans le monde ne sont pas les européens et que c’est bien le Moratoire sur le soja amazonien (initié et encouragé par Greenpeace) qui a permis de limiter fortement la déforestation en Amazonie !

Enfin, prenons le dernier exemple avec une autre certification, celle peut être la plus connue dans le secteur du bois : le FSC. Cette certification est exemplaire en matière de gestion des ressources forestières mais dans le monde, est ce que tous les exploitants des forêts ont les moyens financiers de faire des audits assez complexes pour acquérir cette certification ?

Clairement non donc, résultat, il n’y a dans le monde qu’une partie minime de forêts certifiées.

Et quand bien même….faut-il mieux pour une des entreprises présente dans le Top25 du WWF, acheter du bois « certifié » qui vient de l’autre bout du monde ou du bois local, sans certification mais géré durablement ? Car il faut dire que ce n’est pas parce que l’on n’a pas de certificat que l’on n’est pas vertueux !

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Crédit photo: raymondclarkeimages

Franchement, la ficelle est un peu grosse et je trouve que pour une organisation qui veut lutter contre l’épuisement des ressources naturelles, ce n’est pas sérieux. Ou peut-être est-ce simplement l’envie d’engranger de nouveaux clients ?

Dans tous les cas, ce n’est pas avec des « certifications » qui font plaisir à une certaine frange de consommateurs des pays riches que nous sauverons la planète. C’est plutôt en cherchant à transformer l’ensemble des filières, en y apportant de la transparence et en impliquant les populations locales concernées.

L’argent est là… et plutôt que de le mettre dans des certifications, mettons-le dans des outils qui transforment réellement car des solutions existent et elles ne demandent qu’à être encouragées !

Et puis, pour terminer ce coup de gueule, je trouve que la chanson d’Abba, Money, Money, Money, illustre bien cette démarche de certification mais hélàs ne nous sauvera pas du réchauffement climatique, de la déforestation ni de la perte de biodiversité. Par contre, elle enrichira pas mal d’intermédiaires d’ici là !

 

Billet publié le 21 avril sur le blog Ecolo du jour