Bonus/malus énergie, nouvelle fausse bonne idée ?

La tarification progressive de la consommation d’électricité et du gaz vient donc d’être votée ce 11 mars 2013 par la majorité PS/EELV au parlement. (droite et Parti de Gauche ont voté contre) Un système de « bonus/malus » sera donc mis en place à partir de 2016 pour tenter de réduire notre consommation et en même temps   ne pas pénaliser les ménages les plus modestes.

Comme souvent avec ce gouvernement :  l’intention de départ est louable, mais risque de créer de nouvelles injustices et des lourdeurs administratives non négligeables. Une nouvelle « fausse bonne idée » donc.

Je fais miennes les critiques qui viennent aussi bien de la droite que de la gauche du PS et des Verts. Cela tombe bien que les réserves viennent également du Parti de Gauche, on évitera ainsi de me taxer de vilain libéral.

Le gouvernement sait que la mesure est injuste –  nous ne sommes pas tous égaux devant notre compteur – et prévoit donc déjà un certain nombre de modulations en fonction de la région d’habitation, du mode de chauffage et du nombre de personnes qui composent le foyer.

Ces modulations manqueront forcement de finesse   et créeront de nouvelles inégalités. Comment découper la France : Nord/sud, plaine/montagne, ville/campagne ?

Un simple exemple dans  mes environs : Il y a une différence de température moyenne de 4° C entre les villes d’Aix en Provence et de Marseille, pourtant distantes de seulement25 km.

Ceci sera impossible à moduler et « rendre juste », sauf à embaucher une armada de fonctionnaires qui établiront notre profil personnel d’usager.

D’autre part cette modulation du prix de l’énergie est faite pour encourager l’isolation des logements, encore une bonne idée de départ. Sachant que les plus modestes ont souvent les logements les plus mal isolés, il est donc prévu d’en tenir compte par un bonus. OK. Personne ne sait encore comment inciter les bailleurs à isoler le logement loué qui deviendra de ce fait moins énergivore et sortira du champ  du bonus.

Autre argument, de la gauche cette fois : un prix est un prix !

He oui, je suis commerçant et plutôt d’accord. On peut le moduler dans certains services publics, avec tous les risques d’injustices : un retraité peut ne pas payer son bus. Mais tous les retraités sont-ils pauvres ?
Or,  même dans les services publics la tradition est au tarif et prestation unique : pourquoi le facteur passerait-il tous les jours  dans les coins les plus reculés de France ? On refuserait tous une loi qui déciderait d’un passage journalier en ville et d’un passage hebdomadaire dans un hameau des Hautes Alpes sous prétexte que cela doit émettre une quantité égale de CO2 !

Qu’on encourage à consommer moins, voire à produire soi-même son énergie ! Mais qu’on ne punisse pas le propriétaire d’une résidence secondaire, dont la définition sera d’ailleurs difficile à établir. Il y a des résidences secondaires qui servent 6 mois sur 12 ;  on nous bassine avec la mobilité….

Mais non, tout doit être réglementé, quantifié, justifié, contrôlé …

Manger de la viande n’est pas très bon pour la santé ni pour la planète. Demandera-t-on aux bouchers d’instaurer un bonus/malus pour ses clients ? Un steak par semaine pour 12 Euros le kg, mais 15 Euros le kg à partir du second, carnet de suivi obligatoire ….

L’écologie sera ressentie  une fois de plus comme punitive et cela me désole. A vouloir faire « bien » et rendre « juste » on crée des usines  à gaz qui seront de surcroit très couteuses. A force de se tirer des balles dans le pied, le gouvernement socialiste ne devra pas s’étonner du mécontentement grandissant des français.

Le débat n’est certainement pas clos, car bien que votée, cette loi n’est pas prête  à rentrer en application ….

Achim Gertz pour « Objectif Transition »

 

Une source intéressante :  Ce site est plutôt  « pro » tarification modulable, mais constitue une  mine d’infos et de graphiques   :  http://tarification-progressive-de-lenergie.com/