Un référendum sur #NDDL ? Une fausse bonne idée !

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Mise à jour: 11 février 2016

Lors de son intervention télévisée de ce jour, suite au remaniement ministériel, et à l’entrée d’écologistes au gouvernement, le Président de la République annonce un « référendum » local sur la pertinence de la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes.

Bien sur, non ne sommes pas dupes de cette ultime manoeuvre politicienne négociée pour attirer des écologistes dans ce dernier gouvernement du quinquennat.

Objectif Transition avait déjà pris position contre un référendum en 2013, alors que l’idée était dans les « tuyaux », l’occasion de republier notre position.

Notre-Dame-des-Landes est devenue le symbole de l’engagement massif des écologistes, de la société civile et de la jeunesse contre les projets d’infrastructures inutiles, écologiquement destructrices et coûteuses pour les finances publiques.

D’un enjeu régional datant des années 1970, ce projet fumeux est devenu fameux et d’envergure nationale avec la nomination de Jean-Marc Ayrault comme premier ministre. A cause de son obstination à vouloir le maintenir contre vents et marées et en dépit des arguments de bon sens, Jean-Marc Ayrault a, pour ne pas avoir à reculer politiquement, contribué à la radicalisation de la situation. Pour sortir de cette impasse politique, le gouvernement a bien nommé une « commission de dialogue », mais elle est vouée d’emblée à l’échec puisqu’elle n’envisage aucunement la possibilité du retrait pur et simple du projet.

C’est sans doute avec la volonté de sortir le soldat Ayrault de ce bourbier que plusieurs personnalités politiques qui ont soutenu le président Hollande en mai dernier ont appelé dans « Libération » du 3 janvier à organiser un référendum régional sur le devenir du projet.

Cette proposition peut à première vue sembler pertinente. Elle est en réalité un piège, une fausse bonne idée :

– depuis quand fait-on des référendums sur des projets obsolètes et dépassés ?

– depuis quand fait-on de l’aménagement du territoire à coup de référendums ?

– qui garantira l’égalité des moyens de communication entre pourfendeurs et opposants ?

– quelle question posera-t-on ?

Organiser un tel référendum, c’est donc accepter la validation du projet, avec toutes les conséquences environnementales prévisibles.

Cela dit, vu la popularité actuelle de l’exécutif dans les sondages et le risque que ce référendum soit détourné de sont objet premier, il est très peu probable que le gouvernement choisisse de donner l’opportunité à la population de manifester son mécontentement plus « général ».

Vu ses conséquences potentielles il est très étonnant que cette proposition soit émise par des d’éminentes personnalités de l’écologie politique. A moins que, sachant pertinemment que la probabilité qu’elle soit reprise est quasiment nulle, cette suggestion de référendum ne soit en réalité qu’un moyen pour ses auteurs de rentrer dans le débat purement politique.

Ou s’agit-il d’offrir une porte de sortie honorable au premier ministre qui n’arrive  à se sortir de ce bourbier dans lequel il s’est enfoncé ? Ce serait  alors une utilisation démagogique d’un outil démocratique très utile par ailleurs.

Nous, élus et non élus, mais tous sensibles à l’écologie concrète, sommes très contents que des écologistes reconnus s’engagent médiatiquement – à défaut d’avoir participé aux actions sur le terrain –  en faveur de l’arrêt de Notre-Dame-des-Landes. Encore faut-il que cet engagement soit clair et non pas une proposition qui joue avec le feu.

Au lieu d’un référendum, pourquoi ne pas remettre la décision finale aux élus et  autorités locales en leur demandant impérativement de reprendre à zéro les procédures de consultation, y compris du public ?  Pourquoi ne pas demander un moratoire, écarter les conflits d’intérêts et mettre tout à plat ? Une  déclaration d’utilité publique d’un projet des années 70 n’a plus le même sens, n’est plus basé sur les mêmes connaissances et les mêmes fondements en 2013. Les  enjeux économiques, financiers, environnementaux et d’aménagement du territoire ont profondément changé. Il doit y avoir tout simplement « prescription » du projet actuel.

Plus largement, un référendum sur Notre-Dame-des-Landes ouvrirait la porte à des référendums sur la ligne Lyon-Turin, les lignes Haute Tension, le Canal Rhin-Rhône, les lignes à grande vitesse, ou sur tout autre projet d’infrastructure d’envergure. Ce serait une curieuse façon de procéder à l’aménagement de notre territoire.

Nous en avons assez des gesticulations politiciennes et réclamons l’abandon du projet d’aéroport du Grand Ouest, ainsi qu’un débat national global sur la transition énergétique et sur le choix des priorités en matière d’infrastructures.

Objectif Transition