Assises des Outre-Mer : une politique volontariste pour des Outre-Mer sobres en énergie

Le gouvernement vient de lancer les Assises de l’Outre-Mer. Sept mois de réflexion, de consultation, de concertation, pour proposer de nouvelles politiques publiques en faveur de l’Outre-Mer. Même si bien des rapports, études, réunions, états généraux, etc… ont déjà été conduits, il est toujours utile et intéressant de coordonner les acteurs du moment autour d’un même enjeu, d’un même projet, et de lui donner le maximum de visibilité.

Les Outre-Mer méritent un tel débat. Ce sont des territoires spécifiques. Dans tous les domaines de l’action publique. Mais il en est un qui nous tient particulièrement à cœur : la transition énergétique et sociale.

Nous l’avons déjà dit par le passé, les territoires d’Outre-Mer seront les premiers impactés par les conséquences du changement climatique : événements météorologique (comme l’ouragan Irma), montée des eaux, perte de biodiversité, destruction des récifs coralliens,… Des mesures d’adaptation sont indispensables, à réfléchir et à mettre en œuvre.
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Mais il ne faut pas oublier l’autre versant du changement climatique, qui est la contribution des Outre-Mer aux émissions de gaz à effet de serre. Bien que nous y avons très peu de production industrielle, les Outre-Mer émettent davantage de gaz à effet de serre par habitant que la moyenne nationale (Voir article).

Or nos territoires disposent de capacité de production d’énergies renouvelables importantes. Dans notre projet 2017 pour l’Outre-Mer, nous proposions un double-objectif, plus réaliste que ceux mentionnés dans les Grenelle de l’Environnement :
– diminution de la consommation électrique par habitant de 20% d’ici 2025.
– production de 50% en EnR, dont 22% de photovoltaïque, en 2025.

Centrale EDF Jarry, GuadeloupeForce est de constater, en 2017, que ces objectifs sont mal engagés :
– depuis 2012, la consommation par habitant a progressé de 4,5% à 6,6% pour la Réunion, la Martinique et la Guadeloupe, et de 11,5% pour Mayotte. Seule la Guyane a maintenu une intensité en légère baisse de 0,5%. Au global pour les DOM, on observe une hausse annuelle de 1% de l’intensité énergétique.
– la production photovoltaïque s’échelonne entre 5,2% du total en Martinique et 8,5% à la Réunion.

Assises-Outre-Mer-conso-electriqueDe même, sur le plan des transports, qui est l’autre principal contributeur des émissions de gaz à effet de serre, on n’observe aucune modification des comportements de mobilité, et donc de baisse de la consommation de produits pétroliers. Au global, les consommations de produits pétroliers, transport et production électrique inclus, progressent de 1,8% par an et par habitant à la Réunion, jusqu’à 6,5% en Guyane. Seule la Martinique affiche une amélioration de ce ratio.
Il est important de développer des modes de transport doux, le covoiturage, les plans de déplacement, les transports en commun.

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Dans ce contexte, nous souhaitons, à Objectif Transition, qu’une politique ambitieuse et massive, un « Plan Marshall de l’Autonomie Energétique » soit mis en place dans les territoires d’Outre-Mer. Un tel plan créerait de l’emploi non délocalisable, améliorerait la balance commerciale des territoires, générerait du pouvoir d’achat pour les habitants, et diminuerait le niveau de pollution atmosphérique. C’est aussi un enjeu sur le plan énergétique au niveau national : aujourd’hui  la hausse de la production de gaz à effet de serre dans les territoires d’Outre-Mer compense une partie des efforts de réduction faits au niveau national. Stabiliser puis -mieux- réduire ces émissions ultramarines est une condition indispensable pour nous permettre de répondre aux objectifs pour lesquels la France s’est engagée dans le cadre des accords de Paris.

Objectif Transition souhaite que les Assises des Outre-Mer prennent ce sujet en considération et engagent une politique volontariste vers des Outre-Mer sobres sur le plan énergétique.

 

Benoit Chauvin pour Objectif Transition