Une rentrée toute en transition

La croissance économique au point mort, une situation de l’emploi dégradée, une hausse des cours du pétrole qui se répercute sur la facture énergétique et le pouvoir d’achat des ménages,… les marges de manœuvre sont réduites sur le plan économique, alors qu’il devient plus qu’urgent d’entamer la transition énergétique. Bonne nouvelle : avec la concertation de la mi-septembre sur la transition énergétique et la biodiversité, avec le débat sur les gaz de schiste, la transition que nous appelons de nos vœux est inscrite au menu de la rentrée politique.

La reprise des cours du pétrole et la baisse de l’euro face au dollar poussent de nouveau les prix à la pompe vers le haut, ce qui renchérit les coûts de transport et de chauffage des ménages. Les réserves de ressources fossiles étant de quantité finie, cette hausse tendancielle ne peut que perdurer et les années avec un pétrole pas -trop- cher touchent à leur fin. Au-delà des préoccupations pourtant cruciales liées au réchauffement climatique, on ne pourra donc pas faire l’impasse sur la transition vers une économie peu consommatrice d’énergies fossiles. Il est urgent d’accélérer cette transition énergétique, qui sinon risque de déboucher sur une impasse sociale. Le gouvernement Ayrault a la lourde mission d’engager les mesures nécessaires pour que cette transition se fasse dans les meilleures conditions sociales possibles. Les récents propos qu’il a tenus sur le blocage des prix du pétrole laissent entendre que le gouvernement n’a pas pris la mesure de l’enjeu. Or, même s’il peut s’avérer politiquement payant à court terme, bloquer les prix à la pompe c’est donner aux français le signal qu’ils n’auront pas besoin de changer de comportement.

La question de l’exploitation des gaz de schiste et celle des forages en eau profonde redeviennent d’actualité, poussées par la contrainte énergétique et par le lobby pétrolier. Après avoir soutenu l’interdiction de la fracturation hydraulique, le gouvernement souhaite dans le cadre de la refonte du code minier rouvrir le sujet sur l’exploitation des gaz de schiste, sous réserve qu’il existe une méthode propre pour le faire. Pour Objectif Transition, le débat n’a même pas lieu de se poser sur le plan technique avant d’en avoir débattu sur le fonds : avec une menace climatique de plus en plus forte, doit-on autoriser l’exploitation de réserves énergétiques qui ne feront que retarder l’échéance et freiner la transition vers une société économe en énergie ? Pour nous, la réponse est claire : non.

Sur le plan économique enfin. Avec une croissance nulle au second semestre, la France échappe officiellement à la récession, mais l’économie n’en est pas moins en berne pour autant. Difficultés dans le secteur industriel, stagnation de la consommation, poids accru des transports et de l’énergie,… on sent bien que l’économie française change petit à petit de fondements.
Mais pour autant les français ne sont pas pessimistes. Au contraire, la crise, que chacun sent amenée à durer, est l’occasion de développer des alternatives, qui en plus d’être économiques apportent du sens, du lien social : essor des circuits courts entre producteurs et consommateurs, réseaux d’échanges, de troc ou de dons, multiplication des monnaies locales, renouveau du commerce de proximité, développement du prêt entre particuliers, de la finance de proximité,…
Il ne faut pas se bercer d’illusions, dans un monde aux ressources finies, la croissance telle qu’on l’a connue ne peut pas revenir de manière durable. C’est sur ces expériences d’une économie plus solidaire qu’on réussira la transition vers une société et une économie plus respectueuses des individus, où le profit ne sera pas la seule et unique motivation à l’action. Dans cette nouvelle économie, les PME, les nouvelles technologies, la proximité et le lien social seront les clefs de la réussite.
A toute chose malheur est bon : la situation économique que nous traversons a ceci de bien qu’elle aide à accélérer la prise de conscience de ces nécessaires changements, que les responsables économiques et politiques doivent maintenant coordonner et mettre en œuvre.

La transition énergétique est au programme de la rentrée, avec la conférence organisée les 14 et 15 septembre. Nous comptons sur le gouvernement pour donner un signal fort à la population de son engagement clair en faveur de la transition énergétique. Nous comptons qu’il remette en marche les orientations déjà dégagées lors du Grenelle de l’Environnement, qu’il refuse l’exploitation des gaz et huiles de schiste, ainsi que les forages en eau profonde, qu’il accentue le développement des énergies renouvelables pour faciliter à terme la sortie du nucléaire. En un mot, tout en aidant ceux qui sont en précarité énergétique, nous attendons de l’exécutif qu’il concrétise sa promesse de campagne de faire de la transition énergétique une priorité de son quinquennat.